Promenade à cheval

L'aube approchait. Les collines autour de Green Valley sortaient peu à peu de l'obscurité. Le paysage était magnifique, sauvage, mystérieux, dans cette lueur grise qui précède le lever du soleil.
Au sommet d'une des collines se profilait une silhouette, une simple ombre encore, mais un observateur attentif y aurait reconnu un cheval et son cavalier. La monture semblait un peu essoufflée, comme si elle venait de parcourir une certaine distance au galop, et de monter la colline sans ralentir. C'était d'ailleurs le cas. L'étalon et son cavalier avaient quitté Green Valley depuis une heure déjà, et avaient galopé sans s'arrêter et sans ralentir une seule fois. Mais il faut rectifier un petit détail, nous parlons depuis tout à l'heure de cavalier... il vaudrait mieux dire "cavalière".
Liz O'Neal n'avait pas forcé sa monture, mais Thunderfeet était impétueux et infatigable. Il était bien assorti à sa maîtresse!
Maintenant, tous les deux se tenaient au sommet d'une colline, surplombant une route de terre. Ils étaient tournés vers l'est et attendaient le soleil.
Liz se pencha sur l'encolure de Thunderfeet, le flatta, et murmura:

- Tu es comme moi mon grand! La vie en ville te pèse... Tu avais bien besoin d'exercice pas vrai? Et moi, j'avais besoin de prendre l'air! Tous ces gens en ville... qui voudraient que je porte constamment des robes, les dames du Comité de Tempérance sont scandalisées, elles pensent que je suis en train de me damner!,Liz éclata de rire en repensant à ces dames et à leurs têtes chaque fois qu'elles la croisaient,Elles voudraient me voir vêtue de robes noires, cloîtrée chez moi en attendant mon mari, ne sortant que pour l'office ou pour prendre le thé avec elles!... Et les cocottes du saloon! Elles, elles veulent me faire danser et chanter, m'habiller de fanfreluches pas pratiques du tout!... Franchement, pourquoi elles ne m'acceptent pas comme je suis... J'aimerais bien que Sean revienne vite, il me manque et quand il est là, les autres me laissent un peu plus tranquille...

Liz regardait le soleil qui se levait pendant qu'elle parlait... elle était totalement absorbée par son petit discours. N'importe qui aurait pu s'approcher sans qu'elle le remarque.

Tiffany sortit plus tôt ce matin-là, elle avait à faire et elle ne voulait pas que les autres dames du Comité de Tempérance la voit partir, comme cela, seule dans les rues de Green Valley. Elle était vêtue de son habituelle robe noire avec des dentelle au niveau du col et des manches. Elle portait un élégant chapeau dont les fines dentelles étaient assortis à la robe. Ses chaussures était à semelle plate : c'était plus pratique pour crapahuter seule dans les rues, elle pouvait faire de mauvaises rencontres...
Elle partait le cœur léger : son fils dormait à la maison sous bonne garde de la nourrice et elle avait bien caché ses économies dans un endroit sûr où aucun de ses fouineurs de domestique n'iraient chercher. Oui désormais, seul comptait pour elle son fils, l'argent et la vertu.
Elle se dirigeait vers une maison située un peu à l'écart des autres à la sortie de la ville. Il s'agissait de l'habitation de Gilbert [prononcé Guilbeurte] le comptable de la ville, il était au service de bons nombres de propriétaires et miniers de Green Valley et il avait accepté, moyennant paiement, de d'enseigner à Tiffany l'art de la comptabilité ou du moins les bases des mathématiques. Il lui fallait savoir démêler les comptes de son mari et elle ne voulait faire confiance à personne, pas même au maire qui avait pourtant gentiment proposé son aide à la veuve.
Soudain, elle se figea, une ombre mystérieuse était apparu au sommet d'une colline...
*Un indien !*
Elle ne savait que faire, crier ? Non ! Elle sortait tôt justement pour passer inaperçu. S'enfuir en courant ? C'était se faire remarquer à coup sûr par ce sauvage. Elle préféra se cacher dans un coin d'ombre en attendant la suite des événements.

Tiffany reconnut la voix d'une femme, il ne s'agissait donc pas d'un indien. Elle sortit de l'ombre et vit une jeune femme blonde et plutôt grande installée sur un cheval à robe sombre. La veuve décida donc se présenter à cette mystérieuse inconnue :

"Pardonnez-moi je vous avais prise pour un indien et je m'étais réfugié dans l'ombre. Je suis Tiffany Sawyer, je me promenais dans les environs...et vous ? Qui êtes-vous ? Que venez-vous faire à Green Valley ?"

Tout en parlant, elle détaillait la nouvelle venue. Elle était vêtu comme un homme, il s'agissait surement d'une sauvageonne, une fille de mauvaise vie.

Tiffany pinça légèrement les lèvres à la remarque de Liz sur les robes et répondit simplement :

"Soit. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il faut porter une tenue convenable pour se rendre à la messe, c'est tout à votre honneur. J'accepte votre donc votre compagnie."

Elles continuèrent dans la direction de la maison du comptable Gilbert. Tiffany parlait gaiement de son fils, lorsqu'on la lançait sur ce sujet elle était incapable de s'arrêter :

"Vous savez, mon petit John est grand pour son âge et il est précoce. Il sait déjà dire une dizaine de mots et il a marché à l'âge de onze mois. Ce sera certainement un homme intelligent plus tard...

Tiffany apprécia peu la remarque de Liz et se contenta de répondre :

''Un pantalon ? Et puis quoi encore ! Je ne suis pas comme vous, je tiens a ma dignité !''

Sur ces paroles, elle accéléra son pas et distança Liz. Elle était a un bon mètre de la cavalière lorsqu'elle aperçut une paire de jambe qui dépassait d'un buisson. La veuve sursauta et devint livide en réalisant qu'il s'agissait la d'un corps. Épouvantée, elle tourna son regard affolé vers Liz qui reprenait du terrain.

Liz avait laissé Tiffany s'éloigner un peu, amusée par sa réaction prévisible, et soulagée d'avoir un peu d'air. Quand la jeune veuve s'arrêta net, sursauta et se tourna vers elle l'air affolé. Liz avisa les bottes dans la seconde qui suivit. Et dégaina son pistolet dans un pur réflexe. Dans le même temps, elle faisait signe à Tiffany de s'éloigner, sans savoir si la jeune femme comprendrait ou pas. Elle s'approcha doucement, sur ses gardes. Au bout des bottes il y avait un homme. Mort? Ivre mort peut être? Liz ne savait pas trop ce qui était préférable...

-Tiffany, écartez-vous on ne sait jamais, il n'a pas l'air en état de nous faire du mal, mais il vaut mieux se méfier...

(jitty, je sais pas si il est mouru ou pas... tu peux me le préciser?)

Tiffany obéit à Liz et s'éloigna du corps de l'homme en reculant. C'était la première qu'elle voyait un mort ailleurs que dans un cercueil. Liz inspectait le cadavre, elle ne semblait pas savoir si l'homme était décédé ou non. Tiffany, elle, en était persuadé : il était livide et ses membres semblaient raides comme des barres de fer. La veuve osa enfin demander d'une petite voix :

Est-il mort ?

Comme Liz ne répondait pas, elle ajouta :

Parce qu'il en a tout l'air...

[Oui notre homme est bien mourru]

[oki^^]

Liz eut enfin une vue complète de l'homme. Aucun doute; il était mort...
Elle répondit alors à Tiffany:

-Oui, il est bien mort. Rien à craindre de lui... Par contre, je ne crois pas qu'il soit mort tout seul comme un grand... et il est possible qu'il y ait un risque pas loin... On va se dépêcher d'aller là où vous voulez, et de s'y mettre à l'abri!

Sur la poitrine, une large tache brunâtre trahissait l'endroit où la balle avait touché le cœur.
L'homme avait une mine rébarbative (oserai-je dire une mine de déterré???), un bandit sans doute, en tout cas pas un homme recommandable , Liz n'était pas vraiment étonnée de ce qu'elle voyait, ce genre d'homme finissait rarement sa vie dans un lit...

Bien qu'encore sous le choc, Tiffany désigna la maison du comptable. C'était là qu'elle souhaitait se rendre . Les deux femmes marchèrent en silence, chacune guettant le moindre bruit suspect. Elle arrivèrent sans encombre à la maisonnette qui servait de demeure au comptable du comté : Mr Gilbert. Tiffany se tourna alors vers Liz et lui signifia par ces quelques mots qu'il était temps qu'elles se séparent :

Ce fut un plaisir de marcher en votre compagnie. Cependant, j'ai des obligations et je crois qu'il est temps pour moi de prendre congé. Vous aussi, vous allez être occupé, il faut signaler la mort de cet homme aux assistants du shérif. Je vous souhaite une bonne journée.

[Si tu veux prolonger notre collaboration, n'hésites pas à inventer un nouveau coup de théâtre]

Tiffany fronça les sourcils, en entendant les paroles de Liz, elle voulait bien répondre à aux questions du shérif pour que justice soit faite, mais elle ne souhaitait pas que la population de Green Valley apprenne qu'elle fréquente une femme comme Liz. Elle aurait beau protester qu'elle l'avait rencontrer par hasard, les puritains la rejetteraient et les gens "biens" ne lui adresseraient plus la parole. Il lui fallait donc trouver un moyen d'accomplir son devoir de citoyenne tout en sauvant sa réputation...

"Heureusement que vous m'y faite penser, tout compte fais, je préfère prévenir les autorités compétentes, moi même, cela vous évitera une tâche rébarbative. Je sais que vous êtes une femme occupée, j'ai cru comprendre qu'il vous arriver de soutenir les assistants du shérif, je préfère ne pas privé la population de Green Valley d'une aide si précieuse. Je suis désolée, j'aurais du y penser plus tôt..."

La jeune femme espérait avoir convaincu Liz, car, en signalant elle-même la présence du corps sur un chemin menant à Green Valley, elle pourrait dire qu'elle était seule durant la découverte et inventer une autre raison quant à sa présence sur les lieux du crime, ainsi elle serait tranquille.